J’ai cru voir des pétales, des feuilles, des fragments d’écorces, des fossiles. Mais j’ai rêvé, non? Ou alors, j’ai levé un voile, poussé une porte et franchi une frontière. Celle qui permet de passer chez les fées.
Oui, j’ai pénétré dans un conte de fée.
Les végétaux sont en fait devenus des objets précieux. Ils sont blancs, aériens, fins, translucides…Seules quelques rugosités rappellent peut-être l’origine naturelle de ces bijoux de porcelaine qui lévitent soudain devant moi et jouent parfois les carillons cristallins.
Les grès, eux, hésitent joliment entre pierre et sculpture.La magie intervient. Et la métamorphose se réalise. Et certains se sont même laissés visiter par la fée qui leur a incrusté des yeux de joaillerie.
Plusieurs fois, je détecte des petites cicatrices sur les objets raffinés qui occupent ici l’espace. Comme des empreintes de corps organiques. Ou des traces laissées par un animal ou un humain.
Ils retiendraient donc la mémoire? Stopperaient le temps?
La fée s’appelle Manoli Gonzalez. Elle est sculptrice-céramiste.